En cinq ans, la catégorie MotoGP s'apprête à vivre une deuxième modification d'envergure de ses règlements techniques. Suite au passage des 500 cm3 deux-temps aux 990 cm3 quatre- temps en 2002, les machines de la saison prochaine verront leur cylindrée réduite à 800 cm3, dans le but de contenir le niveau de performance.
L'ensemble des constructeurs impliqués dans la catégorie reine des compétitions moto s'attelle à la conception de machines inédites afin de satisfaire à ce nouveau règlement. Mais tandis que la cylindrée sera réduite de près de 20%, l'encombrement des motos ne s'en ressentira guère car les limites de poids autorisés ne changeront que très peu.
Michelin se prépare déjà pour ce changement et les premiers essais avec Honda et Yamaha, ses partenaires du MotoGP, sont programmés après la traditionnelle trêve du championnat, au mois d'août.
« La dernière mutation importante, lors du passage des 500 aux MotoGP, était véritablement de taille, » indique Nicolas Goubert, responsable de la compétition moto chez Michelin. « Bien avant que nous commencions à tester avec les MotoGP, en 2001, nous savions qu'il fallait s'attendre à une augmentation très importante de la puissance, et que les caractéristiques de couple seraient très différentes. Ainsi, nous avons travaillé sur nos pneumatiques de MotoGP pendant plus d'un an avant que les motos ne courent pour la première fois.
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« Si l'on regarde les 800 cm3, ces machines demeureront relativement proches de ce que nous connaissons aujourd'hui, mais elles développeront légèrement moins de puissance et de couple, ce qui devrait les rendre moins exigeantes d'un point de vue pneumatique. Il est toujours difficile de développer un pneu destiné à encaisser une puissance supérieure, mais dans l'autre sens ce devrait être plus aisé. »
« Nous entamerons nos tests avec les 800 cm3 après l'été, principalement au Japon, afin d'évaluer les nouvelles motos avec nos partenaires. Mais cela fait un moment que nous réfléchissons à propos des 800 cm3. Même en développant les 990 cm3, comme c'est le cas aujourd'hui, nous les gardons à l'esprit. S'il nous vient à imaginer un nouveau développement qui pourrait s'avérer utile sur les 990 cm3, mais qui réclamerait six mois de développement, nous ne poursuivons pas dans cette voie. Si en revanche nous travaillons sur un aspect dont nous pensons qu'il pourrait être utile aux 800 cm3, nous poursuivons évidemment nos recherches dans cette direction. »
Tout le monde dit que les 800 cm3 seront plus agiles que les 990 cm3, mais je n'en suis pas si sûr car les motos pèseront à peu près le même poids. Il est vrai que les moteurs devraient être légèrement moins lourds, permettant ainsi aux ingénieurs de centrer les masses où ils le désirent, ce qui rendrait les motos légèrement plus faciles à manier. Mais la différence ne sera pas énorme, ce n'est pas comme si l'on assistait à un retour aux 500 cm3 de 130 kg. »
« Nous attendons des 800 qu'elles délivrent quelques chevaux de moins que les 990, mais pendant combien de temps ? Un an, deux ans ? Il est clair que nous ne fabriquerons pas de plus gros pneus pour les 800, il n'y aura pas de changement majeur dans les profils, mais je ne suis pas convaincu que nous fabriquerons des pneus plus étroits pour ces motos. »
« Une puissance moindre devrait diminuer la température de fonctionnement des enveloppes, mais le couple des 800 pourrait être délivré de manière plus brutale que celui des 990, et il est donc difficile de prévoir la façon dont ces machines useront les pneumatiques. Si le couple est plus violent, la “progressivité” des pneus devrait être plus importante mais avec une électronique de dernière génération tellement sophistiquée, cette histoire de couple plus violent pourrait ne poser aucun souci. Nous verrons bien lors de nos premiers tests… »